Article paru dans la Gazette des armes 492 de décembre 2016

Liège : chargé de les détruire, il volait les armes

Banc d’épreuve des armes à feu

lundi 21 novembre 2016, par Jean-Jacques BUIGNE membre du CA de la FPVA

Début novembre, notre petit monde a été secoué par une information étonnante : le Directeur du Banc d’Epreuve des armes à feu de Liège a été placé sous mandat d’arrêt. Il est poursuivi par le parquet de Liège pour faux et usage de faux et détournement d’armes.

Il est soupçonné d’avoir manipulé le registre centrale des armes, en Belgique, qui correspond au fichier AGRIPPA de chez nous. Ainsi, il aurait détourné des armes de collection pour les réintroduire sur le marché parallèle.
Rappelons que le Banc d’Epreuve de Liège est une institution officielle qui a en charge la destruction des armes à feu saisies par la justice.

Certaines armes devant être détruites sont des pièces de musées et peuvent valoir plusieurs milliers d’euros.

Point de vue

Ce comportement est indéfendable de la part d’un fonctionnaire : mais laissons à la justice le soin de faire la part entre le désir de préserver les pièces rares et un vulgaire trafic organisé autour de leur revente .

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Voici quelques armes envoyées à la destruction.

Mais nous nous sommes interrogés sur un autre aspect de la situation : depuis des années, que ce soit en France ou en Belgique, on se permet de détruire des objets de collection dont la place devrait plus être dans un musée que dans une broyeuse de destructeur de métaux.
Ces destructions sont des pertes irrémédiables pour notre patrimoine et n’ont d’autre origine que des décisions de justices motivées par des faits et non des objets. Ce sont les faits qu’il faut punir et non les objets qu’il faut détruire.
Je me souviens qu’en 2003, Jacques Chirac avait qualifié les cambriolages des musées irakiens de crimes contre l’humanité. Et cette phrase est d’autant plus d’actualité avec la vidéo publiée par l’État islamique montrant la destruction d’objets d’art de l’époque assyrienne du Musée de Mossoul, avec notamment la grande statue de Lammasu en granite attaquée au marteau piqueur. Imaginons qu’un soldat de Daesh ait volé un objet destiné à être détruit même dans un but cupide. Alors l’Histoire n’aurait retenue que l’acte héroïque de sauvegarde.
C’est la preuve que ces destructions d’objets d’art sont « contre-nature ».

Mais la législation belge autorise le directeur du banc d’épreuves pour des raisons historiques, scientifiques ou didactiques, de ne pas faire détruire les armes à feu confisquées.

Clin d’œil

Et puis notre règlementation autorise la désobéissance d’un fonctionnaire « lorsque les ordres sont manifestement illégaux et de nature à compromettre gravement un intérêt public. » Vu que la situation perdure depuis des années, faudrait-il comprendre que la conservation des œuvres d’art n’est pas d’intérêt public, cela m’étonnerait ! Peut est-ce ce que le directeur de Liège a voulu faire ?

Au moment de la publication de cet article, nous apprenons que le mandat d’arrêt a été prolongé d’un mois. En attendant tout est bloqué au Banc d’Epreuve : rien n’entre et rien ne sort !

Les liens :
- La libre Belgique,
- La Gazette.be,
- Sudinfo.be Jean-Luc Stassen était expert pour l’ONU et l’Union Européenne,
- Le site officiel du Banc d’Epreuve de Liège,