ARTICLE PARU DANS LA GA N°472 DE FÉVRIER 2015

L’amalgame qui stigmatise !

lundi 26 janvier 2015, par Jean-Jacques BUIGNE membre du CA de la FPVA

Début janvier notre pays a vécu des évènement dramatiques et la communauté musulmane a protesté contre « l’amalgame » dont elle est l’objet. Mais dans le même temps, de nombreux journaux et émissions de télévision ont pointé du doigt les collectionneurs qui, soit disant, fournissent des armes aux terroristes. Eux aussi revendiquent aujourd’hui le droit à l’existence sans amalgame. Les parlementaires ont donné l’exemple début 2012 en intégrant le collectionneur dans le « marbre de la loi », quelle belle reconnaissance ! Les journalistes n’ont plus qu’à suivre
l’exemple.

L’actualité du début 2015 a été particulièrement remplie d’évènements tragiques. La Presse ne pouvait que se ruer sur une telle aubaine. Mais dans le cas précis des actes terroristes, une fois présentées les images choc, plus rien à dire. Les services officiels sont contraints d’observer la plus grande discrétion sur le « modus operandi » de leurs équipes pour ne pas faciliter la tâche de ceux qu’ils pourchassent.

Alors, comme la nature a horreur du vide, la presse repasse inlassablement les mêmes informations en boucle en tentant de stimuler l’intérêt des auditeurs par l’intervention d’un expert aux titres ronflants. Soit c’est un illusionniste resservant sous une présentation nouvelle des faits archi-connus, soit c’est un homme véritablement informé, qui pour des raisons d’éthique ne peut guère révéler de choses intéressantes. Alors pour assurer le remplissage des émissions d’actualité et des colonnes de journaux, il ne reste plus qu’à évoquer le trafic d’armes.

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En France, quand une communauté défend ses droits, elle manifeste. Souvent elle obtient satisfaction. Il est impensable que les collectionneurs d’armes défilent physiquement contre l’amalgame, avec la notion d’armes ce serait mal perçu.
C’est la manifestation virtuelle et silencieuse de la communauté des collectionneurs que nous avons représentée ci-dessus.

La photo en couverture d’une arme automatique reste très commerciale et capte encore mieux qu’un corps dénudé, l’intérêt d’éventuels auditeurs d’une émission ou acheteurs d’une revue. Mais dans ce cas encore, les informations sur les vrais réseaux du trafic d’armes ne sont pas accessibles et les services de police préfèrent rester discrets sur leurs découvertes tant que l’opération finale n’a pas été déclenchée. Alors, faute d’avoir de l’information pertinente et vérifiée, on présente à la va-vite un reportage. Comme il serait risqué d’aller enquêter auprès des vrais trafiquants, qui sont par nature des gens peu ouverts à la communication et totalement dénués de sens de l’humour, il ne reste que le monde des collectionneurs, composé de gens généralement sympathiques et accueillants. Avec le montage, c’est facile de les piéger et de leur faire dire le contraire du message qu’ils voulaient passer.

Il y a quelques années des reportages tournés dans les caves d’immeubles montraient deux énergumènes au visage floutés et à la voix déformée. Ils exhibaient deux armes à billes et une autre arme neutralisée. Ainsi les journalistes convainquaient le « bon peuple » que les armes de guerre pullulaient dans les banlieues et pouvaient s’y acheter pour des sommes relativement modiques à chaque coin de rue.

Aujourd’hui, la mode est de s’en prendre aux collectionneurs, désignés comme pourvoyeurs du trafic d’armes ce qui est absolument ridicule, comme nous l’expliquons dans les pages suivantes. Mais il est tellement facile de filmer quelques armes neutralisées dans une bourse aux armes et de laisser croire
qu’elles peuvent être remises en état de tir dans l’heure qui suit que peu de reporters peuvent résister à la tentation. Avec ces reportages bâclés ils répondent aux exigences de chiffre et d’audience de leur rédacteur en chef ! Ils pourraient aussi bien aller filmer ces personnes voilées faisant la queue le vendredi après-midi à la caisse de certains supermarchés et titrer que les grandes enseignes commerciales sont des foyers d’endoctrinement fondamentaliste. Mais la photo d’une caisse de supermarché restera toujours moins vendeuse que celle d’un fusil d’assaut neutralisé.

Les plus hautes instances de l’état mettent en garde contre la « stigmatisation » d’une communauté et contre « l’amalgame » qu’on pourrait faire entre elle et le terrorisme. La communauté des collectionneurs demande à bénéficier du même respect et exige que cesse la « stigmatisation » dont elle fait l’objet de la part de la presse et des services de police qui la renseigne et « l’amalgame » entre collection et trafic d’armes !

Cet amalgame trouve malheureusement sa source dans la loi du 6 mars 2012 sur le « contrôle moderne préventif et simplifié des armes, » dont le délirant volet pénal classe dans la même catégorie, l’usage des armes dans le cadre du terrorisme, du meurtre avec barbarie etc, que la simple détention d’une arme hors du cadre légal par un collectionneur ! Ou tout simplement d’un transport sans motif légitime...