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Les fortifications

jeudi 14 septembre 2017


Toutes les fortifications possèdent un caractère commun ; elles furent construites avec les mêmes matériaux et les mêmes techniques d’architecture que les édifices civils. De ce fait, lors des périodes d’apogée architecturale, les fortifications furent remarquables. A l’inverse, pendant les temps de décadence, leur qualité devint médiocre. C’est ce qui arriva à l’aube du moyen-âge. L’effondrement de l’empire romain ayant déterminé, en Europe, une décadence de l’architecture, il fallut attendre les premières invasions normandes au IXème siècle puis l’arrivée de la féodalité pour voir réapparaitre des constructions fortifiées.


Les places fortes de l’antiquité

Se protéger et affirmer sa domination sont les motivations immuables. Cependant, sous la haute antiquité les populations se caractérisent par un faible effectif et des moyens limités. Le modèle défensif le plus répandu est donc représenté au départ par les enceintes de terre qui se sophistiqueront pour donner les ouvrages celtes massifs comportant trois fossés extérieurs, une enceinte coiffée d’une palissade et un ouvrage avancé complexe protégeant la porte. Mais lorsque le sol se fait plus caillouteux, des ouvrages en pierre sont imaginés par les habitants.

Les murailles de Jéricho, 7000 av. JC, ont acquis une renommée depuis longtemps trompetée. On doit aux Egyptiens l’invention du crénelage présent dès 1200 av. JC et de nombreuses places fortes.

Les Assyriens sont connus pour avoir mis en oeuvre, à partir de 1000 av JC, des techniques élaborées d’assaut des forteresses adverses, disposant d’un matériel (catapultes, béliers, tours mobiles, sape...) qui ne variera sensiblement plus jusqu’à l’introduction de la poudre.

A partir de 1350 av JC, les grecs commencent à couvrir leur territoire de puissantes fortifications dont l’une des plus célèbres est Mycènes.

Les gaulois bâtiront des « oppida » caractérisés avant tout par la monumentalité de leur appareil défensif, qui n’est pas exempte d’une fonction symbolique. Les remparts associent en général un parement extérieur de pierre, une armature interne de bois et un remblai de pierres et de terre. Il s’agit de ce que Jules César appellera le ’’murus gallicus’’. Il s’identifie grâce aux grands clous de fer qui fixaient les poutres à leur croisement (20-30 cm de long). L’armature forme ainsi une série de caissons remplis de terre, qui rendent inutile l’usage du bélier. Un chemin de ronde courait au sommet du mur et on y accédait par une rampe en terre battue. Cette technique marque l’apogée de la construction d’enceintes dans le monde celtique et on la retrouve dans de nombreux sites, de la Bretagne à la Bavière

Les Romains perfectionneront particulièrement les terrassements comme technique particulière de siège. De la double circonvallation mise en œuvre à Alésia (une double enceinte isolant l’oppidum, renforcée de fortins), aux rampes mises en œuvre à Avaricum et Massada, les légionnaires romains ont largement utilisé la pelle. Ils couvriront leur empire de camps militaires et de « limes » aux frontières dont le fameux mur d’Hadrien en Grande Bretagne encore visible aujourd’hui.

Le château à motte

Le château à motte apparu durant le Xème siècle. Il se caractérisait par une butte entourée d’un fossé (la terre extraite de ce fossé ayant permis d’élever la butte). Une tour de bois, carrée ou circulaire, coiffait le sommet de la motte. L’étage de ce donjon, qui servait de demeure seigneuriale, n’était accessible que par une passerelle mobile. Sur le toit s’installaient des guetteurs et dans le soubassement se trouvaient les réserves de nourriture et la prison.

La domesticité, les animaux et le reste des approvisionnements trouvaient place dans un enclos nommé "baille" ou "basse-cour". Ce dernier était entouré d’une palissade et précédé d’un autre fossé.

Dans le siècle qui suit, rares seront les évolutions. Elles se présenteront sous forme de nouveaux remparts de bois ou de plus grands fossés. Et il faudra attendre près de 150 ans pour apporter un net changement aux forteresses.

Le donjon normand

Aussi appelé donjon angevin, il se caractérisait par une unique tour carrée en pierre. Cette nouveauté primordiale permettait une meilleure résistance aux armes de sièges, lançant des projectiles de plus en plus lourds mais aussi au feu, qui pouvait ravager rapidement une forteresse de bois. Puis ces donjons devinrent plus massifs, se complétant de petites tours à chaque angle pour enfin devenir circulaire vers la fin du XIème siècle et assurer une meilleure défense. Vint ensuite la chemise, mur de protection cernant le donjon, puis le mur d’enceinte entourant la "baille".

La forteresse

Les améliorations qui suivirent, du XIIème siècle au milieu du XVème siècle débouchèrent sur la conception d’organes de tir ou de défense inclus dans la fortification principale. Des balcons de tir furent prévus pour défendre le pied des murailles ; ils s’appelèrent hourds lorsqu’ils furent en bois et échauguettes ou bretèches s’ils furent en pierre, puis ils furent remplacés par les mâchicoulis. Les murs furent percés de fentes pour permettre le tir des archets et portèrent donc le nom d’archères. Des ponts-levis furent installés avec des barbacanes pour les protéger, des châtelets massifs furent construits pour protéger de manière plus efficace les entrées.

La fin des forteresses

A la fin du moyen-âge, les armes à feu prirent une telle importance, qu’il fallut repenser complétement la façon de se protéger. Les anciennes forteresses furent donc modifiées pour entrer dans l’ère moderne.

Une nouvelle école de fortification émerge sous la Renaissance et pose les bases des nouvelles manières de défendre les places fortes. Elle introduit le glacis, une zone en pente douce, privée de tout couvert, qui entoure la forteresse. Autre nouveauté, le chemin couvert, qui sépare le fossé du glacis : il permet de déployer des mousquetaires, pour fusiller tout assaillant qui s’aventurerait sur le glacis. Il est légèrement en contrebas des courtines principales qui sont armées par les canons de la place, ce qui permet l’étagement des feux ; il n’est pas protégé côté forteresse, et n’offre donc aucun avantage après sa prise. L’usage de la terre extraite du fossé dans la construction redevient prépondérant, la maçonnerie est employée principalement pour bâtir deux murs encadrant le fossé, l’escarpe côté courtine et la contrescarpe côté glacis[]. La tour disparaît au profit du bastion, entre lesquels s’intercalent des demi-lunes, qui remplacent les premiers ouvrages détachés.

A ce titre, Vauban aurait été, entre 1666 et 1707, le responsable de l’amélioration des fortifications ou de la construction d’environ 119 places ou villes fortifiées, 34 citadelles, 58 forts/châteaux et de plusieurs dizaines de bâtiments de défenses. Malheureusement, toutes ces fortifications devinrent progressivement dépassées au cours du XVIIème et du XVIIIème siècle par la puissance de l’artillerie et ne servirent plus que de garnisons ou de demeures.

Néanmoins, les progrès de la maçonnerie moderne dont est issue le béton, relancera pendant un temps l’intérêt pour les fortifications. Ainsi, de nombreux forts seront renforcés avec des couches de béton peu avant la première guerre mondiale. La bataille de Verdun autour du fort de Douaumont montre que les fortifications jouèrent encore un rôle au début de la guerre.

Enfin, la ligne Maginot, la ligne Siegfried et le mur de l’Atlantique sont les derniers exemples de fortifications qui furent bâtis à grand renfort de moyens, mais dont l’inefficacité fût assez criante durant la seconde guerre mondiale.

Aujourd’hui, les fortifications n’ont plus vraiment lieu d’être et se limitent généralement à quelques bunkers, éventuellement, anti-atomiques.





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