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ARTICLE PARU DANS LA GA N°472 DE FÉVRIER 2015

Protestation contre l’article du Figaro

lundi 12 janvier 2015, par Jean-Jacques BUIGNE membre du CA de la FPVA


Les collectionneurs ont particulièrement ont pris l’habitude d’être dénigrés par le Figaro. Chaque fois qu’il y a un fait d’actualité avec des armes ou qu’un quotidien rend compte des « exploits » d’un collectionneur déviant, ce journal fait l’amalgame entre collectionneurs ou trafiquants d’armes fournisseurs de terroristes.


Devant la gravité des évènements que la France a vécus début janvier, il nous a paru nécessaire d’avertir Serge Dassault qui est le propriétaire du Figaro mais de plus c’est un chasseur donc il connaît bien les armes. Et vu son métier de constructeur d’armement il est parfaitement à même de différencier vieux tromblons et armes offensives. Pour faire bonne mesure, nous avons adressé le même courrier au journaliste, auteur de l’article incriminé et au directeur de la rédaction du quotidien.
Il est grand temps d’éviter l’amalgame....


Monsieur Serge DASSAULT
Sénateur de l’Essonne
Casier de la Poste
15 rue de Vaugirard
75291 Paris Cedex 09

La Tour du Pin, le 12 janvier 2015

Objet : La discrimination dont sont victimes les détenteurs légaux d’armes à feu.

Monsieur le Sénateur,

C’est au Sénateur soucieux des libertés et au patron de presse que nous nous adressons aujourd’hui. Le Figaro assimile régulièrement depuis quelques temps les collectionneurs ou détenteurs légaux d’armes à des gens en marge de la société, voire à des délinquants.

Ce jeudi 8 janvier 2015, un article du Figaro.fr assimilait carrément les collectionneurs à des trafiquants d’armes et à des terroristes. Il nous a semblé très important de rétablir la vérité à charge pour vous de le faire également.
Le journaliste William Plummer y écrit : « D’après le constat de la SR Paris (service de recherche du renseignement, ndlr), les vendeurs sont principalement des collectionneurs et des ressortissants de l’ex-Yougoslavie. » Cet amalgame entre collectionneurs et trafiquants est étymologiquement faux. Les armes automatiques en cause sont interdites en France depuis 1939, elles ne peuvent donc être légalement acquises, ni détenues. Ceux qui les détiennent ou les vendent ne peuvent donc pas être considérés comme des collectionneurs.
Il s’agit de trafiquants !

Il est intolérable de faire l’amalgame entre les collectionneurs respectueux des lois et les individus qui utilisent des armes importées en contrebande et acquises illégalement pour commettre des méfaits. A la suite des évènements dramatiques récents, nombreux sont ceux qui appellent à ne pas stigmatiser la population musulmane. Il doit en être de même pour les propriétaires légitimes d’armes.

Les terroristes, assassins et bandits de tout poil, profitent de l’ouverture de l’espace Schengen pour se procurer des armes de guerre en parfait état venant des pays de l’Est ou encore des anciens arsenaux libyens, ces dernières transitant par l’Espagne ou arrivant directement illégalement sur nos côtes, comme l’a récemment affirmé un célèbre criminologue. Pour eux, il est plus simple et moins coûteux de se procurer, sur le marché clandestin, une arme de guerre fonctionnelle que de remettre en état une arme neutralisée ou encore d’acquérir à grand frais une arme de collection obsolète !

Bien que les standards de neutralisation varient d’un pays à l’autre, la remise en état de tir d’une arme neutralisée nécessite un important outillage et des compétences techniques poussées.

Au demeurant, les voyous ne voient dans l’arme qu’un outil et un symbole de puissance. Il leur faut donc des armes modernes et fonctionnelles, les armes neutralisées remises en état de fonctionnement sont souvent peu fiables. Il leur faut également une grande puissance de feu pour impressionner leurs victimes et parfois même, comme on vient de le voir la semaine dernière, pour s’opposer férocement aux forces de l’ordre et tuer ou blesser beaucoup de gens.

Monsieur le Sénateur, si beaucoup de nos concitoyens se passionnent pour le vélo, le football, la moto, la musique, …, les collectionneurs ou autres détenteurs légaux d’armes à feu (tireurs sportifs, chasseurs, …) vivent une passion que la loi a expressément reconnue comme légitime dans une démocratie.

Certes, ce n’est pas facile tous les jours de coller parfaitement à une règlementation particulièrement complexe et tatillonne, mais il est faux de dire, comme le laisse entendre les articles du Figaro, que les collectionneurs ou autres détenteurs légaux seraient des délinquants en puissance. Cet a priori négatif, systématiquement relayé dans ces articles, est manifestement discriminatoire et malveillant envers près de deux millions d’honnêtes citoyens !

Je vous rappelle que c’est au prix d’un trésor d’ingéniosité et de sacrifices financiers que les collectionneurs, qui œuvrent à la préservation de notre patrimoine par amour de l’Histoire, parviennent à rassembler des collections d’importance variable. De plus, certains collectionneurs sont également tireurs sportifs ou chasseurs et pratiquent leur sport soit au sein de la Fédération Française de Tir, soit de la Fédération Nationale des Chasseurs. Dans ce cadre, ils sont soumis à une discipline, à des contrôles rigoureux et à une sécurité pointilleuse ; c’est sans doute pourquoi les armes qu’ils utilisent ne sont jamais impliquées dans des affaires de droit commun.

Ces amateurs achètent des armes qu’ils vont chouchouter avant de les exposer dans leur vitrine. La moindre rayure ou point de rouille sur ces pièces va les rendre malades. En tout état de cause, en plus d’être des personnes respectueuses des lois françaises en matière d’armement, les collectionneurs sont aussi des gens pacifiques et responsables. Ils sont bien intégrés à la société, ont une vie professionnelle et familiale, bref ce sont des citoyens normaux ! La loi n°2012-304 du 6 mars 2012 a même prévu un statut du collectionneur pour mieux légitimer leur action. Ce statut, limité à l’acquisition des seules catégories C, est déjà trop restrictif et trois ans après la promulgation de cette loi aucun texte d’application n’a été publié.

Aussi, Monsieur le Sénateur, nous comptons sur votre sagesse pour expliquer aux journalistes du Figaro d’où vient véritablement le mal et que désormais les collectionneurs ne doivent plus être diabolisés systématiquement !

D’avance, nous vous remercions et vous prions de croire, Monsieur le Sénateur,
en notre profond respect.

Jean-Jacques BUIGNE
Président de l’UFA


A noter que les liens ont été ajouté dans cette version HTML de la lettre, ils n’existent pas sur les lettres papier envoyées aux intéressés.
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