La fédération des collectionneurs du patrimoine militaire

La fédération des collectionneurs du patrimoine militaire

Evolution des fortifications

Toutes les fortifications possèdent un caractère commun ; elles furent construites avec les mêmes matériaux et les mêmes techniques d’architecture que les édifices civils. De ce fait, lors des périodes d’apogée architecturale, les fortifications furent remarquables. A l’inverse, pendant les temps de décadence, leur qualité devint médiocre. C’est ce qui arriva à l’aube du moyen-âge. L’effondrement de l’empire romain ayant déterminé, en Europe, une décadence de l’architecture, il fallut attendre les premières invasions normandes au IXème siècle puis l’arrivée de la féodalité pour voir réapparaitre des constructions fortifiées.

Les places fortes de l’antiquité

Se protéger et affirmer sa domination sont les motivations immuables. Cependant, sous la haute antiquité les populations se caractérisent par un faible effectif et des moyens limités. Le modèle défensif le plus répandu est donc représenté au départ par les enceintes de terre qui se sophistiqueront pour donner les ouvrages celtes massifs comportant trois fossés extérieurs, une enceinte coiffée d’une palissade et un ouvrage avancé complexe protégeant la porte. Mais lorsque le sol se fait plus caillouteux, des ouvrages en pierre sont imaginés par les habitants.

Les murailles de Jéricho, 7000 av. JC, ont acquis une renommée depuis longtemps trompetée. On doit aux Egyptiens l’invention du crénelage présent dès 1200 av. JC et de nombreuses places fortes.

Les Assyriens sont connus pour avoir mis en oeuvre, à partir de 1000 av JC, des techniques élaborées d’assaut des forteresses adverses, disposant d’un matériel (catapultes, béliers, tours mobiles, sape…) qui ne variera sensiblement plus jusqu’à l’introduction de la poudre.

A partir de 1350 av JC, les grecs commencent à couvrir leur territoire de puissantes fortifications dont l’une des plus célèbres est Mycènes.

Les gaulois bâtiront des « oppida » caractérisés avant tout par la monumentalité de leur appareil défensif, qui n’est pas exempte d’une fonction symbolique. Les remparts associent en général un parement extérieur de pierre, une armature interne de bois et un remblai de pierres et de terre. Il s’agit de ce que Jules César appellera le ’’murus gallicus’’. Il s’identifie grâce aux grands clous de fer qui fixaient les poutres à leur croisement (20-30 cm de long). L’armature forme ainsi une série de caissons remplis de terre, qui rendent inutile l’usage du bélier. Un chemin de ronde courait au sommet du mur et on y accédait par une rampe en terre battue. Cette technique marque l’apogée de la construction d’enceintes dans le monde celtique et on la retrouve dans de nombreux sites, de la Bretagne à la Bavière

Le château à motte

Le château à motte apparu durant le Xème siècle. Il se caractérisait par une butte entourée d’un fossé (la terre extraite de ce fossé ayant permis d’élever la butte). Une tour de bois, carrée ou circulaire, coiffait le sommet de la motte. L’étage de ce donjon, qui servait de demeure seigneuriale, n’était accessible que par une passerelle mobile. Sur le toit s’installaient des guetteurs et dans le soubassement se trouvaient les réserves de nourriture et la prison.

Le donjon normand

Aussi appelé donjon angevin, il se caractérisait par une unique tour carrée en pierre. Cette nouveauté primordiale permettait une meilleure résistance aux armes de sièges, lançant des projectiles de plus en plus lourds mais aussi au feu, qui pouvait ravager rapidement une forteresse de bois. Puis ces donjons devinrent plus massifs, se complétant de petites tours à chaque angle pour enfin devenir circulaire vers la fin du XIème siècle et assurer une meilleure défense. Vint ensuite la chemise, mur de protection cernant le donjon, puis le mur d’enceinte entourant la « baille ».

La forteresse

Les améliorations qui suivirent, du XIIème siècle au milieu du XVème siècle débouchèrent sur la conception d’organes de tir ou de défense inclus dans la fortification principale. Des balcons de tir furent prévus pour défendre le pied des murailles ; ils s’appelèrent hourds lorsqu’ils furent en bois et échauguettes ou bretèches s’ils furent en pierre, puis ils furent remplacés par les mâchicoulis. Les murs furent percés de fentes pour permettre le tir des archets et portèrent donc le nom d’archères. Des ponts-levis furent installés avec des barbacanes pour les protéger, des châtelets massifs furent construits pour protéger de manière plus efficace les entrées.

La fin des forteresses

A la fin du moyen-âge, les armes à feu prirent une telle importance, qu’il fallut repenser complétement la façon de se protéger. Les anciennes forteresses furent donc modifiées pour entrer dans l’ère moderne.

Enfin, la ligne Maginot, la ligne Siegfried et le mur de l’Atlantique sont les derniers exemples de fortifications qui furent bâtis à grand renfort de moyens, mais dont l’inefficacité fût assez criante durant la seconde guerre mondiale.

Aujourd’hui, les fortifications n’ont plus vraiment lieu d’être et se limitent généralement à quelques bunkers, éventuellement, anti-atomiques.