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RETHEL (Ardennes) : la poudre à parlé

mardi 10 avril 2012




Ils n’avaient pas revêtu un costume d’époque mais leurs armes, elles, étaient chargées d’histoire. Ce week-end, le club rethélois L’Impact organisait le championnat départemental de tir à l’arme ancienne. Peu importait qu’elles soient à mèche, silex ou amorce, seule la poudre a parlé.

Un bruit sec, un panache de fumée grisâtre et cette odeur caractéristique de soufre.
Sur le pas de tir du stand de la rue d’Ecly, la concentration est extrême. Mais le plaisir immense. « Quand on rentre ici, ça sent bon la poudre », exulte Robert Tassot, le président du club rethélois L’impact.

Ce week-end, l’association organisait le championnat des Ardennes de tir à l’arme ancienne. Près de 70 fondus de la poudre noire s’étaient jeté le gant pour tenter de décrocher une sélection en région.
Mais pas seulement. Car pour ces passionnés d’armes d’époque, c’était avant tout l’occasion de se faire plaisir avec des joujoux parfois chargés d’histoire.
« C’est une approche différente," témoigne Robert Tassot. "Le plaisir n’est pas le même qu’avec une arme moderne. Il y a déjà la beauté de l’instrument. Elles étaient fabriquées par des artisans et généralement personnalisées. Ce sont parfois des chefs-d’œuvre. Leur mécanisme ? C’est une horlogerie de précision et surtout lorsque vous tirez avec une arme du Premier Empire, par exemple, vous pouvez vous dire qu’elle a peut-être fait une grande bataille comme lors de la campagne de Russie ou Waterloo. »

Plus poétique

Et ce n’est pas Maurice de Charleville qui le contredira. Dans ses poings, il sert un fusil 1822 T issu des manufactures. « Tirer avec une arme fabriquée chez nous, c’est fabuleux ! C’est certes plus rudimentaire qu’une arme moderne mais c’est ce qui donne de l’intérêt. On cherche toujours à améliorer le tir en trouvant le bon dosage de poudre. »

Car dans cette discipline, il ne suffit pas seulement d’être l’heureux propriétaire d’une arme qui se charge par la bouche (originale ou copie). Les cartouches étant strictement interdites, les tireurs doivent également se muer en apprentis chimistes pour préparer leurs munitions. « On est responsables de la fabrication des balles, du dosage en poudre et du réglage du silex. Bref, on ne peut pas imputer un mauvais résultat à une mauvaise fabrication de l’arme », analyse Robert Tassot.

« Il n’y a pas que le tir, renchérit Hervé adhérent au club rethélois. Il faut trouver le bon diamètre de balle, préparer le suif. Avec une arme moderne, on est plus dans la recherche de précision. C’est moins poétique… ».

L’à-peu-près ne pardonne donc pas. Surtout lorsque les cibles arrivent entre les mains et sous le regard acéré des deux juges arbitres.
Le verdict est souvent sans appel : « C’est du plomb de m…, des chargements de m… ! Enfin, il fait ce qu’il veut… ».

Après le championnat, pas question non plus de repartir les mains dans les poches. Car «  après le plaisir du tir, vient celui du nettoyage. il doit être très profond car la poudre noire et très corrosive. Cela peut prendre entre 15 minutes et 1 heure selon les armes… », précise Robert Tassot.

Samedi et dimanche, les concurrents venus des clubs de Rethel, Vouziers, Charleville, Givet, Remilly-Aillicourt et même de la Marne, avaient le choix entre une douzaine de disciplines aux noms très évocateurs : Tanegashima, Colt, Miquelet…

Certains des plus mordus se retrouveront à l’Ascension au rassemblement des arquebusiers de France à Chinon.
Ils défileront en costume d’époque dans les rues de la ville et en profiteront pour tirer quelques salves.