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Interview du 3 juin 2009

Frédéric NIHOUS, Président de CPNT,

tête de liste LIBERTAS – CPNT – MPF, région Nord-Ouest

jeudi 4 juin 2009, par l’IFAL



- Quel est l’enjeu de l’élection du 7 juin ?
Le 7 juin, il n’y a qu’un seul tour pour changer d’Europe avec les listes NIHOUS-VILLIERS et LIBERTAS-CPNT-MPF.
L’enjeu est triple :

  • de peser politiquement pour créer une Europe enfin démocratique.
  • De montrer la volonté d’imposer un protectionnisme européen équitable, de vraies digues douanières, pour protéger notre outil de production et nos emplois contre l’invasion destructrice de produits chinois, indiens ou du sud est asiatique.
  • Enfin, c’est la dernière occasion, après la suppression du référendum sur l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne par Nicolas Sarkozy, de dire NON à l’adhésion de la Turquie.

- Pourquoi aller voter le 7 juin ?
Pour changer d’Europe et dire ISTOP aux délires de la Commission européenne et de ses complices !
Les Français ont voté NON au référendum sur la Constitution européenne en 2005. Ils se sont fait voler ce vote par une entourloupe antidémocratique par ceux-là même qui codirigant l’Europe depuis 50 ans : UMP, MODEM, PS. Ils soutiennent le traité de Lisbonne qui pourtant n’est qu’un avatar de cette constitution rejeté par le peuple. Ce traité transfère 50 nouvelles compétences aux technocrates de Bruxelles ! En clair, ils déshabillent la France et la vendent à Bruxelles.
Ils soutiennent l’action dévastatrice de la Commission européenne : ça suffit. Comment croire qu’ils vont, comme ils ont le culot de le dire, changer les choses alors même qu’ils ne l’ont pas fait avant et qu’ils tirent toutes les manettes ?
Ne pas voter, comme le poussent à le faire ces mêmes partis eurogagas, c’est leur laisser les clés de la « maison Europe » alors qu’ils n’ont su ni prévenir la crise, ni lui répondre.
Mettons un coup de balai dans ces écuries d’Augias qu’il faut nettoyer et défendons, à Bruxelles, les intérêts de la France alors que ces gens-là ne font, une fois élu au parlement européen, que revenir en France pour y défendre les intérêts de la Commission européenne !

- Quel est le point fort de votre parti à ces élections ?
Le clivage dans ces élections n’est pas entre la droite et la gauche mais se joue autour d’une question : "Quel modèle d’Europe veut-on ?". D’un côté il y a l’Europe de Barroso, fédéraliste et mondialiste, codirigée par la droite, la gauche et le centre. Ils soutiennent le traité de Lisbonne et la commission Barroso. Sur 535 votes au Parlement européen l’an dernier, dans 97% des cas, l’UMP, le PS et le Mouvement démocrate ont voté de la même façon. S’ils étaient honnêtes avec les Français, ils feraient liste commune. Ca s’appellerait la "Liste unique de la pensée unique européenne". De l’autre côté, il y a la liste d’une autre Europe démocratique. La liste de la liberté. Moi, je ne suis pas anti-européen mais je suis pour un autre modèle de l’Europe. Une Europe transparente, responsable, démocratique, qui redonne du pouvoir à ses peuples et à ses électeurs.

- Quelle est votre vision de l’Europe ?
Je ne suis pas antieuropéen, je suis simplement écœuré par les dérives de l’Europe actuelle dirigée par toute une bande de technocrates irresponsables et leurs complices qui ont vendu la France à bruxelles.
Ce que je veux, c’est une Europe
Enfin démocratique, une Europe au service des peuples, une Europe des territoires, de la ruralité, des traditions et de l’emploi grâce à un protectionnisme européen et une Europe européenne donc sans la Turquie.

- Pouvez-vous développer ces différents points ? Quelle Europe institutionnelle ?
Pour une Europe des peuples et des nations, tenons enfin compte du NON exprimé au référendum de 2005 et rejetons donc le traité de Lisbonne. Contre la quasi-dictature de la Commission européenne et des technocrates, imposons un véritable contrôle démocratique de l’Europe respectant les votes, les différences et l’identité de chaque pays.

- Quelle Europe sur le terrain ?
Pour une Europe des territoires et de la ruralité, tous remis en cause par des directives européennes liberticides, il faut sauver les services publics, l’agriculture, la pêche maritime et nos traditions de chasse et de pêche en re dynamisant nos terroirs, leurs usages et leurs produits. Remplaçons aussi l’actuelle écologie punitive et taxatrice par une écologie respectant l’Homme et ses activités économiques et traditionnelles comme les loisirs verts, la chasse et la pêche ou encore le tir sportif, activités toutes menacées par des directives restrictives.

- Quelle Europe économique ?
Pour sauver nos emplois contre la mondialisation, le libéralisme et les délocalisations soutenues par la Commission européenne, imposons un protectionnisme européen passant du libre échange dévastateur à un juste échange protecteur grâce à des droits de douane rééquilibrant les prix des produits venant de pays à bas salaires et sans protection sociale ou environnementale.

- Quelle Europe géographique ?
Gardons une Europe européenne en refusant l’adhésion de la Turquie, loin des mensonges de l’UMP ou de la gauche. Car, sachez le, Les contribuables français versent chaque année depuis 4 ans, près de 96 millions d’Euros à la Turquie au titre des crédits de pré adhésion ! Pourquoi, s’ils ne voulaient pas de l’adhésion turque comme ils le disent en mentant dans cette campagne, ont ils alors supprimé le référendum sur l’adhésion de la Turquie lors de la réforme constitutionnelle de 2008 ? Pourquoi y a t il alors toujours un négociateur français à Bruxelles chargé de négocier avec le gouvernement turc ?

- La crise que nous traversons a montré l’importance d’une politique économique concertée. L’UE doit-elle réguler davantage les systèmes financiers ? Comment peut-elle y parvenir ?
Suite à la tempête Klaus [qui a touché le Sud-Ouest de la France en janvier, Ndlr], 400 000 hectares de forêts ont été dévastées. Et l’Europe n’a pas sortie un seul centime de sa poche. Mais quand il y a eu la crise au mois d’octobre, elle s’est dit : il faut sauver les banques. Et elle a réglé le problème en deux jours de temps. Il fallait sauver les spéculateurs, les financiers internationaux. La solution ? Il faut supprimer l’indépendance, l’autonomie de la BCE. Aujourd’hui, la BCE sert à fixer des taux et à décider de la politique monétaire. Elle se félicite d’avoir instauré un euro fort mais cela a cassé les emplois. Aujourd’hui, c’est moins cher d’acheter un Boeing qu’un Airbus. On exporte moins et on importe plus.
Au moment de la crise on a donné tout un tas de règles à instauré pour mieux réguler les marchés et finalement la montagne a accouché d’une souris. Il y a eu trois états et demi placés sur une liste grise des paradis fiscaux. On se fout du monde ! Pendant ce temps, les banques continuent de perdre de l’argent et de spéculer. Il faut des règles pour rétablir un contrôle. Il faut une prise de direction par les Etats des banques qui ont reçu de l’argent.

- Défendez-vous la mise en place de nouvelles taxes au niveau européen pour soutenir un développement plus durable (taxe carbone, TVA réduite sur les produits verts...) ?
Les verts ou le MODEM proposent cette solution comme si on ne payait pas déjà assez d’impôts en France ! La TVA réduite sur les produits verts, d’accord. A condition qu’ils soient vraiment écologiques. Mais l’introduction d’un nouvel impôt, je suis résolument contre. Dans la situation de crise actuelle, il y a déjà une diminution du pouvoir d’achat. L’Ecologie punitive et taxative, ça suffit ! Vous me direz : "oui, mais il faut de l’argent". En fait, ce qu’il faut, c’est mieux utiliser l’argent du budget européen plutôt que d’inventer de nouvelles choses. Le principe des droits à polluer par exemple, que propose d’ailleurs l’UMP au niveau européen, ne règle rien. Certaines entreprises préfèrent acquitter la taxe plutôt et continuer à polluer. Donnons nous les moyens de polluer moins. Je crois beaucoup à la politique européenne sur la modification des process. Développons la recherche alors même que l’Europe de détruire le CNRS en France ! Mais arrêtons de pénaliser tout le monde. Il faut continuer de soutenir nos industries automobiles par exemple : c’est 2,5 millions d’emplois en France alors que les verts ont dans leur programme d’abandonner ce secteur industriel vital, d’autant qu’il a assuré la reconversion de régions en difficulté comme le Nord pas de Calais.
Mais dans tout cela, il faut trouver un point d’équilibre. Il ne s’agit pas de relancer à outrance et de consommer à outrance. Dans le développement durable, il y a trois piliers : l’économie, l’environnement et le social. Il ne faut pas que l’environnement prenne le pas sur le social.

- Est-il objectif d’envisager une réglementation européenne sereine et pérenne sur la chasse des migrateurs ?
L’Europe n’est pas le bon niveau pour cela. Comment et pourquoi gérer des migrateurs à l’échelon de 27 pays alors que leur aire de répartition est le paléarctique occidental allant de l’Asie à l’Afrique ? Ça n’a aucun sens et c’est une hérésie biologique et technique, partielle et partiale ! Mais à tout le moins, l’Europe devrait dépassionner le débat, le rendre objectif (la CE semble sur cette voie mais reste timide). Les marges de manœuvre existent, si tant est que les gouvernants s’engagent en faveur de la chasse.

- Que peut concrètement apporter l’Europe aux chasseurs français ?
Pour l’instant, je ne vois que des ennuis en raison de l’hégémonisme des écologistes politiques sur les questions environnementales et l’approche bornée ou ignare de nombreux technocrates. Par une meilleure écoute des hommes de terrain, les vrais spécialistes de la question et non pas les idéologues de l’anti-chasse, il est possible d’apaiser le débat en s’occupant des mécanismes de gestion ou de préservation (je ne parle pas de protection car ceci rime avec exclusion des acteurs cynégétiques) des territoires. Ceci passe par une juste prise en compte du rôle des chasseurs et de leurs instances dans ce domaine. A condition d’être corrigée, car elle marche actuellement sur la tête, l’Europe peut aider à un meilleur dispositif de soutien au développement rural et donc des territoires. C’est exactement ce que j’ai proposé dans mon rapport sur la ruralité remis en 2008 au Ministre de l’agriculture Michel Barnier.

- La législation sur la chasse dans notre pays n’est-elle pas d’abord un problème franco-français ?
Cela se vérifie en effet sur beaucoup de ses éléments. L’Europe est un alibi commode pour nos attentistes décideurs qui refilent la patate chaude aux technocrates bruxellois. De même, l’actuelle agitation du Ministre de l’écologie qui veut faire croire, après plus d’un an de freinage et d’actes restrictifs pour la chasse, qu’il est presque plus chasseur que vous et moi en faisant des promesses (seront-elles toutes tenues ?), en pleine campagne électorale, montre bien que c’est un problème franco-français, et qu’il est de surcroît politique. Néanmoins, il faut noter que des domaines cynégétiques fondamentaux sont régis par l’Europe. Je pense à la réglementation sur les dates, les territoires, les armes, le piégeage, le sanitaire, etc. Ce qui est, entre guillemets, logiques puisqu’en France, 80% des lois ne sont que des applications et mises en œuvre de directives européennes ou autres règlements.

- Comment doivent évoluer les rapports Nord/Sud et quelle doit être la politique d’immigration de l’Europe ?
Nous devons avoir une vraie politique de coopération. Il ne s’agit pas d’intégrer les pays du Maghreb à l’UE mais de les aider à se développer, à créer de la richesse. De façon à ce que ses ressortissants n’aient pas besoin de venir vers le mythique eldorado de l’UE. Rocard disait que l’on n’avait pas vocation à accueillir toute la misère du monde. Mais il faut aider à ce que la misère ne se développe pas dans ces pays là. Augmenter le budget des aides au développement ce n’est pas la solution si cet argent sert à enrichir des caïds et des dictateurs. Je crois à une politique de projets avec la population locale. Pour leur apprendre d’autres façons de traiter l’eau, d’autres méthodes agricoles. Il faut aussi une politique de l’immigration. On a détruit toutes les frontières à l’intérieur de l’UE, il faut donc surveiller nos frontières extérieures. Mais il faut une politique à l’échelon communautaire, sinon ça ne peut pas fonctionner. Si l’Espagne régularise massivement ses sans-papiers, ils peuvent venir en France. Aujourd’hui, il y a des politiques différentes en France, en Allemagne, en Angleterre. Il faut régler la question au niveau européen.





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