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Tirer avec une armes ancienne !

Le Rolling Block en 43 Egyptien

mercredi 18 février 2009, par Julien LUCOT


En 1868, une forte commande de fusils Rolling Block No1 a été passée entre le gouvernement Egyptien et la firme Remington, armes chambrées pour la cartouche de 43 Egyptien. A cette époque, les gouvernements considéraient comme prestigieux d’avoir une
cartouche militaire « nationale ».


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Fusil Remington N°1 M1866.

Avant que ces armes ne soient livrées à l’Egypte, une grande partie furent vendues par Remington à la France en Guerre. Rappelons que la France est rentrée en Guerre en juillet 1870 contre la Prusse. Depuis 1866 les fusils réglementaires sont l’excellent Chassepot en 11mm à cartouches combustibles et des conversions de Fusils 1842 en fusil à tabatière modèle 1867. Néanmoins le manque d’armes disponibles pour équiper les soldats pousse le gouvernement à créer une commission d’armement (1870/1871) pour acquérir à l’étranger ces matériels. Nous achèterons ainsi aux Etats Unis, des fusils Remington en 43 Egyptien, 43 Espagnol, des fusils Peabody, des revolvers de diverses fabrications etc.…

Le nombre estimé d’armes de ce calibre est de 13000 fusils Remington en 43 Egyptien livrés pendant la période 1870/1871, puis 60000 livrés plus tard en reliquat de commande (en calibre 43 Egyptien et 43 Espagnol). Ces armes ne serviront que très peu et seront peu à peu déclassées. Notons que des Rolling block furent chambrés pour la cartouche de 11mm Gras (dit modèle de Défense Nationale) d’autres bien plus tard le seront en 8mm Lebel, avec le fusil Remington Modèle 1901, d’autres seront convertis en lance amarres pour la Marine, etc.

Le tir

Le 43 Egyptien a été employé essentiellement à la fin du 19ème
siècle, remplacé ensuite par des munitions de plus faible calibre à poudre
sans fumée. Les armes qui chambrèrent cette cartouche furent entre autre notre fusil Remington et une mitrailleuse Gatling.
L’appellation la plus fréquente de ce calibre est 11,43mmX50R,
c’est d’ailleurs sous cette dernière que nous trouvons les outils de
rechargement. La balle d’origine est comme beaucoup d’autres cartouches de l’époque sous calibrée. Le diamètre du projectile initial est de 11,13mm (soit 439 centièmes de pouce) pour un poids de 26 grammes (400 grains).
La plupart des moules de fabrication actuelle reprennent ces côtes. Ce
projectile devait évidemment être calepiné.

Rechargement du 43 Egyptien

L’étui est d’une forme bouteille, classique pour l’époque, la longueur est de 48,80mm. Le diamètre au collet est de 11,78mm, à la base 14,71mm et au culot 16,8mm. Il est relativement difficile de se procurer des douilles neuves de ce calibre en France. Bertram et NFDS en fabriquent mais ne sont pas régulièrement distribués. Certains catalogues aux USA
proposent ces douilles (Midway, Buffaloarms…).

Le fusil qui nous intéresse est un Rolling block modèle 1866 (Remingtons ilion N.Y. U.S.A. Pat. May 3d Nov. 1864 April 17th 1866). Comme toute arme ancienne, il convient de s’assurer de son état de conservation et de son aptitude au tir, un démontage complet s’impose. De même,
les tolérances dans l’usinage des chambres sont très larges à cette époque et en particulier sur ce type d’arme, nous effectuons donc un moulage de la chambre à la paraffine. Ce moulage nous donne un diamètre à fond de rayures du canon de 11,43mm (451 centièmes de pouce) pour une longueur de chambre de 54mm (loin des 48,8 mm réglementaires !). A ce stade, plusieurs problèmes doivent être solutionnés : où trouver un jeu d’outils pour ce calibre ? Où trouver des projectiles d’un diamètre de 11,43mm avec des poids de 20gr à 26gr ? Et
comment se procurer des douilles ?

Les outils sont généralement fabriqués sur commande dans ce calibre, mais l’excellente firme américaine CHTOOL les a au catalogue. Bon marché, ils sont néanmoins de très bonne facture, se composant classiquement de trois outils, recalibreur, expandeur, et sertisseur. A noter que pour la suite des opérations un expandeur RCBS de 32 acp sera indispensable (ou un autre outil de forme similaire).

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Boîtier de culasse, Chien et verrou du Rolling Block

De nombreux fabricants proposent à leur catalogue des balles en plomb ou électrocuivrées destinées au 45/70, d’un diamètre de 11,60mm (458 centièmes de pouce). Il suffit en fait de recalibrer à 11,43mm ces projectiles, opération extrêmement simple grâce à un recalibreur de presse type LEE 451. Un simple graissage à l’Alox de la balle permet de
recalibrer sans forcer même les balles electro-cuivrées sans abîmer le chemisage. Notons qu’il est également possible de couler ses projectiles avec un moule en 458.

La question qui fut la plus épineuse fut le choix de la douille, n’ayant pas trouvé de source d’approvisionnements durable sur le marché. Les cotes de la douille réglementaire font tout de suite penser à la douille à tout faire des tireurs aux armes anciennes, la 348 winchester.

Entre autre cette douille nous permet de faire du 11mm Gras, Gras de cadet, 43 Espagnol, 8mm Lebel, 8mm Portugais, 8 mm Autrichien et Hongrois, etc. …cette douille sera la base de notre étui.

La transformation de l’étui de 348w est relativement simple, le matériel nécessaire se résumant au jeu d’outils 43 Egyptien et à un expandeur de type 32 acp de chez RCBS.
Monter sur la presse l’outil expandeur CH TOOL en remplaçant la tige d’origine par celle de l’expandeur de 32 acp RCBS. Lubrifier l’intérieur de la douille avec de la graisse suffisamment fluide (la graisse RCBS lube case est idéale) puis passer la douille dans l’outils, la deuxième passe s’effectuant avec l’expandeur de 43 Egyptien. La douille est ensuite réduite au Case Trimmer à 54mm (voir l’empreinte de la chambre évoquée précédemment), dégraissée et le collet recuit. Le reste de la modification s’effectuera lors du fire forming.

La charge de poudre destinée au fire forming est variable, dans le cas de la poudre noire, 2,45 grammes de PNF2 sont envisageables, en poudre sans fumée, 0,90 grammes de A0 suffisent. Nous utilisons lors du premier tir une balle de 300 grains. N’oublions pas que la douille ainsi obtenue n’aura pas les cotes extérieures de la douille d’origine, en particulier le diamètre du culot et le corps de la douille au culot (le culot de la 348w n’a que 152mm de diamètre contre 168mm sur la cartouche réglementaire).

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De gauche à droite, douille réglementaire, douille modifiée
après fire-forming, douille avant le fireforming, cartouche complète après plusieurs tirs, balle de 400 grains et 300 grains HN

Une fois que toutes nos douilles aurons été passées au fire forming, recuites une deuxième fois et égalisées au case trimmer, nous pouvons commencer le rechargement définitif. Nous utilisons des amorces CCI 34 large rifle destinées aux fusils semiautomatiques.
Ces amorces sont en effet plus dures et le risque que le percuteur ne les perce est minime. Pour la poudre, la A0 de la SNPE est très efficace. La charge se situe entre 0,90 grammes et 1 grammes suivant le projectile employé. ATTENTION, il s’agit d’une charge réduite de poudre sans fumée, la poudre n’occupe que le 1/3 de l’espace disponible dans
la douille, le risque de doubles charges est bien réel et aurait des conséquences désastreuses pour l’arme et le tireur.
Pour le projectile nous avons le choix entre les ogives de 300 grains et 400 grains. Le fabriquant HN Germanie fabrique d’excellentes balles électro-cuivrées « CUHS » idéale pour notre arme après recalibrage. Avec le projectile de 300 grains nous chargeons à 1 gramme de A0, avec le projectile de 400 grains nous chargeons à 0,90 gramme de A0.

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Cible C50 à 100m, avec 0,90 gramme de A0 et une ogive de 300grains.

Les résultats sont là, bonne régularité, peu de recul, des étuis intacts. Les groupements en cible sont très satisfaisants, l’arme tenant aisément le visuel de la C50 à 100m. Cette arme a déjà tiré plusieurs centaines de cartouches sans connaître le moindre problème, rappelons à ce stade que le port du casque en stand est primordial, mais aussi celui de lunettes de protection, une fuite de gaz vers le visage du tireur est toujours possible ! Enfin une baguette de nettoyage sera la bienvenue pour éventuellement extraire une douille restée dans la chambre (l’extracteur étant aux cotes de l’étui d’origine, peut parfois passer par-dessus le bourrelet de notre douille).

Voilà quelques éléments pour faire revivre ces armes ayant fait partie d’une période importante de notre histoire, elles trouvent encore naturellement leur place sur un pas de tir. La technique de rechargement est largement accessible aux tireurs ayant une bonne
connaissance du rechargement.

Avertissement
Cette étude porte sur une arme dont l’auteur dispose et n’est pas applicable à toute arme de même calibre. Seule la méthode est applicable en fonction de l’état de l’arme et des composants. L’arme dans son intégralité devra être vérifiée par un professionnel. Il en va
de même pour le projectile et la charge de poudre.

- On trouve des outils sur ce lien.





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