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L’évolution des chars de combat

dimanche 31 décembre 2017


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Char gréco-Romain

A travers l’Histoire, les hommes ont toujours souhaité de bousculer les obstacles, et de vaincre la résistance de l’adversaire en le terrorisant et en l’écrasant sous une masse en mouvement irrésistible. Il suffit de se rappeler les chars de combat Sumériens (5000 avant J-C) ou Egyptiens (3000 avant JC), les éléphants d’Hannibal (lourdes bêtes protégées par des caparaçons épais, surmontés d’une tour de bois où se tenaient les archers), ou encore de se souvenir des charges de cavalerie jusqu’au moment où le cheval est devenu incapable physiquement de porter une cuirasse apte à résister aux armes que sont le canon et le fusil.


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Char du Moyen-âge

L’origine du char de combat est donc très lointaine. En ce sens, même la Bible en fait état aux versets 1 à 16 du chapitre 4 du Livre des Juges : « 1. Ehoud mort, les fils d’Israël recommencèrent à faire ce qui est mal aux yeux du Seigneur. 2. Le Seigneur les vendit à Yavîn, roi de Canaan, qui régnait à Hacor. Le chef de son armée était Siséra qui habitait à Harosheth-Goïm. 3. Les fils d’Israël crièrent vers le Seigneur, car Siséra avait neuf cents chars de combat et il avait opprimé durement les fils d’Israël pendant vingt ans ».

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Char Marck-I

Toutefois, bien des siècles après, l’idée d’un engin puissant et protégé apte à se mouvoir sur n’importe quel terrain tout en restant largement invulnérable n’avait pas disparu (char du moyen âge). Léonard de Vinci écrivait en 1482 à Ludovic Sforza qu’il construisait « actuellement des véhicules sûrs et fermés qui sont invulnérables et quand ils avancent avec leurs armes aucun ennemi ne peut résister. Derrière eux l’infanterie peut venir en sûreté et sans rencontrer d’opposition » . Léonard de Vinci est d’ailleurs l’inventeur du Char de Combat moderne, tant la physionomie de son invention est proche des chars actuels (char du XVIIIème).

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Automitrailleuse du Capitaine GENTY 24 cv, vitesse 70 km/h. Mitrailleuse Clément Bayard 2e Mle.

Près de quatre siècle plus tard, l’automobile a fait son entrée officielle dans l’armée française en 1897, date de la création de la commission militaire des automobiles présidée par le colonel Feldmann, directeur de la section technique de l’artillerie.

A la suite d’important essais d’utilisation portant sur 1630 véhicules en deux ans, l’armée achète ses premiers véhicules en 1899 chez des constructeurs comme Panhard et Levassor, Maison Parisienne, Peugeot… Pour l’armée, le processus de sa motorisation et de sa mécanisation est entamée. Au départ limité aux liaisons rapides d’état-major et à quelques reconnaissances, le processus de mécanisation va rapidement se développer grâce à des esprits inventifs qui vont déceler dans l’automobile un nouveau moyen de combat et vont songer à l’armer et à la protéger. Après les premières automitrailleuses du capitaine Genty en 1904, l’automitrailleuse Charron de 1906 sera le premier véhicule blindé français utilisé pendant des manœuvres.

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Char Saint-Chamond
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Char Schneider CA1

Néanmoins, le premier déploiement de tels véhicules, qui utilisaient un genre de chenille continues et des plaques d’acier en guise de protection, a eut lieu lors de la bataille de la Somme, en France, le 15 septembre 1916. C’est là que 32 chars Mark 1 ont pris part à l’attaque, et certains ont contribué à la prise du village de Flers. Les chars Schneider, Saint-Chamond ou Mark V* prendront ensuite le relais, avant d’être remplacé par le FT 17.

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Char Renault FT-17

Le premier prototype du Renault FT 17 fut mis au point au mois d’octobre 1916. Le père des blindés, le Général Estienne, obtint très vite du Maréchal Joffre l’autorisation de commander la fabrication de 1 000 chars de 4 tonnes, armés d’une mitrailleuse de 7,62 mm, ou pour certains d’un petit canon de 37 mm placé dans la tourelle. Ce char léger fût le char le plus répandu de la Première Guerre Mondiale et équipa toutes les armées alliées. Au total, il en fut fabriqué près de 8 000 exemplaires, dont 3 940 par Renault. Son blindage moyen de 15 mm ne le protégeait que des tirs des armes individuelles de l’époque. Enfin, il était équipé d’un moteur Renault de 4 cylindres en ligne et 35 CV qui le propulsait à une vitesse maximum de 8,5 Km/h pour une autonomie de 35 Km.
Après la Première Guerre Mondiale, l’utilisation de véhicules de combat blindés dans les conflits armés s’est poursuivi sans répit, et on a utilisé de vaste déploiements de forces blindées pendant et après le Deuxième Guerre Mondiale.

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Char Shermann M4

Le prototype du SHERMAN M4 fut mis au point en mars 1941. De l’avant projet aux premières livraisons, il s’écoula seulement 13 mois. Le M4 est à considérer comme l’une des plus belles réussites industrielles de tous les temps. En avril 1945, il en avait été livré 48 071 appartenant à une trentaine de versions différentes. Ce char moyen de 30 tonnes fût le plus répandu de la Deuxième Guerre Mondiale et équipa toutes les armées alliées. Il était armé d’un canon de 75 mm et éventuellement d’une mitrailleuse de 12,7 mm ainsi que de deux mitrailleuses de 7,62 mm, son blindage moyen de 50 mm le protégeait efficacement contre toutes les armes de petits calibres de l’époque. Enfin, il était équipé d’un moteur Continental R.975 de 9 cylindres en étoile et 450 CV qui le propulsait à une vitesse maximum de 45 Km/h.

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Char AMX 13

A la fin des hostilités, surtout à partir de 1948, le marasme politique causé par la guerre froide a amené les nations membres de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et celles du Pacte de Varsovie à déployer de part et d’autre d’immense forces mécanisées et blindées en Europe centrale.

De part et d’autre, le véhicule le plus redoutable est devenu le Char de Combat Principal ou Main Battle Tank (MBT), dont les versions des années 1960 pesaient environ 45 tonnes. Ces chars étaient équipés d’un canon de 90 mm ou de 105 mm et d’un puissant moteur de 800 CV à 1 000 CV qui les propulsaient à 60 Km/h.

On aurait pu penser que le char de combat avait atteint sa maturité et qu’aucune évolution majeure n’était plus amenée à se produire. Pourtant, rien n’est plus faux. Certes, par l’apparence, les chars actuels ne diffèrent pas fondamentalement de leurs ancêtres d’après-guerre. Mais la technologie a radicalement transformé le combat blindé, conférent aux véhicules des capacités accrues.

Tout d’abord, la craintes des armes de destruction massive à conduit les concepteurs à protéger les blindés contre les radiations et contre les armes bactériologiques et chimiques. Les MBT actuels peuvent ainsi combattre en ambiance NBC complète.

Ensuite, les chars de combat qui au départ n’étaient que des véhicules portant une arme sont devenus des systèmes d’armes intégrées comportant un ordinateur de bord reliant chaque char à son unité et même à l’état-major, un télémètre laser a remplacé les systèmes optiques, un calculateur embarqué détermine l’angle de tir optimal en fonction d’informations fournies par des capteurs de température, de vitesse du vent et d’hygrométrie. Sur les modèles les plus récents, un stabilisateur autorise le tir en mouvement avec une précision plus élevée qu’à l’arrêt sur les modèles des années 1960, un système de visualisation infra-rouge permet aux chars de continuer à combattre même la nuit alors que les modèles précédents devaient s’arrêter, etc …

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Char Tigre II

La puissance de feu brute a également augmenté. Le calibre standard des canons des chars actuels est trois fois plus performant que celui de ceux de la Deuxième Guerre Mondiale, tandis que les jets de fusion des obus à charge creuse et des obus-flèche ont multiplié par trente la force de pénétration. On rapporte que durant la Deuxième Guerre Mondiale, le canon de 88mm Kw. K.43 » (L/71) qui équipait le Tigre II, le char allemand le plus puissant du conflit, appliquait une charge impulsive de 1 644 MJ/m2. Or, à la fin des années 1970, l’obus-flèche à sabot détachable (OFSD) de 105mm de l’OTAN appliquait une charge impulsive de 7 800 MJ/m2. Enfin, aujourd’hui, un pénétrateur de 120mm tel que l’obus américain M829A2 à l’Uranium Appauvri développe une énergie résultante appliquée à la cible de 35 800 MJ/m2, et encore les munitions à l’UA n’améliorent que de 10% la profondeur de pénétration d’une cible renforcée de blindage lourd si on les compare aux pénétrateurs de tungstènes.

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Char T54/55

Mais c’est au niveau de la protection que l’évolution est peut-être la plus intéressante. Au début de l’histoire des tanks, la technologie des blindages empruntait celle des cuirasses des navires. Celle-ci impliquait le maintien des plaques de blindage entre elles par des rivets. Or, ces rivets devenaient de dangereux projectiles à l’intérieur du véhicule quand une balle ou un obus le touchait. Le blindé résistait plus ou moins au coup mais son équipage était tué ou blessé par l’explosion des rivets. La fixation par rivets était donc un problème. Le problème était qu’il était impossible de souder ces aciers en raison de l’importante part de carbone à l’origine de leur dureté et de leur résistance. Les plaques de blindage ont donc été abandonnées et remplacées par les blindages moulés qui donnent des formes arrondies, particulièrement remarquables sur les tourelles. Puis les progrès de la métallurgie ont permis de passer aux blindages mécano-soudés utilisant parfois des alliages spéciaux.

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Char M47 Patton

Néanmoins, plutôt que d’accroître indéfiniment l’épaisseur des plaques d’acier appelées blindage homogène laminé (BHL) ou acier moulé, après 1945, l’apparition du blindage incliné a multiplié par deux la résistance du blindage ; tandis que, dans les années 1980, les ingénieurs ont utilisé plusieurs matériaux aux propriétés physiques différentes (céramique, verre, composite…), afin d’optimiser la résistance aux impacts.

Les Britanniques vont ainsi mettre au point le blindage Chobham (mille-feuille) 12 fois plus performant que le blindage laminé ordinaire des chars des générations précédentes, tandis que les Israéliens vont mettre au point le blindage actif : le char est recouvert de briques explosives qui éclatent à l’impact. Cette explosion parasite empêche la formation du dard de feu sur lequel repose tout le pouvoir de pénétration des obus à charge creuse.

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Char Chieftain

Les versions actuelles de MBT pèsent environ 60 tonnes. Elles sont équipés d’un canon de 105mm, 120mm ou 125mm et d’une multitude d’armements secondaires, d’un blindage moyen de 100mm de type Chobham avec la possibilité d’ajouter en plus un blindage actif, d’un moteur diesel de 12 cylindres ou d’une turbine développant 1 500 CV qui propulsent ces engins à 80 Km/h (comme par exemple le Leclerc, le Challenger, l’Abrams, le Léopard 2 ou encore le T 14 Armata ). De plus, le blindage (Chobham avec possibilité d’ajouter par dessus un blindage actif) des chars modernes est très complexe et d’une épaisseur inégale. En effet, généralement, le moteur n’est protégé que par un blindage arrière de 75 mm, tandis que, l’avant de la tourelle est renforcé par un blindage Chobham de 380 mm, (souvent ce blindage est composé d’uranium neutralisé ou appauvri).

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Char Armata T14

L’Uranium Appauvri – ou uranium neutralisé - employé dans les applications militaires possède moins de 0,2% d’U235. Il est recouvert d’acier afin de minimiser les risques possibles de radiation. Enfin, l’avant du châssis est souvent protégé par au moins 400 mm, les côtés de la tourelle par 300 mm et les côtés du châssis par 200 mm. Le profilage des chars est étudié pour faire ricocher les obus et pour augmenter le blindage effectif avec un blindage incliné à 45°.

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Projet de char futur

Pourtant là encore, à l’étranger comme en France, de nouvelles évolutions s’annoncent en matière de furtivité comme en terme de blindage ou de puissance de feu. Ainsi, dans le cadre des nouveaux programmes de défense, les évolutions technologiques ne manqueront pas de rendre obsolète les versions actuellement en service de Char de Combat Principal.
Toutefois, le prix d’un char de combat neuf reste un frein au développement. Le prix d’un char dépend de sa sophistication et du nombre d’exemplaires à produire. Aujourd’hui, peu de nations sont encore capables de concevoir et construire entièrement un char moderne et le nombre de chars en service a considérablement diminué. Les puissances européennes comme le Royaume-Uni, la France, l’Italie, l’Espagne ou l’Allemagne se reposent désormais sur un parc de moins d’environ 200 à 500 chars modernes tandis que des pays comme la Belgique ont décidé de s’en passer ; mais les opérations militaires récentes démontrent toujours le besoin d’engins très protégés et ayant une grande puissance de feu. Seuls les Etats-Unis (plus de 8 000 chars) et la Russie (environ 18 000 chars) conservent un parc de chars de combat très significatif. Il faut dire que le prix unitaire du char Leclerc, produit par Nexter anciennement Giat Industries), a été évalué à 8 millions de dollars ; celui d’un char M1 Abrams, construit par General Motors et Chrysler à 6 millions de dollars et celui d’un T-14 Armata russe à environ 5 millions de dollars.

Informations complémentaires sur :

- Les ancêtres :
- Automitrailleuse Charron 1902
- Charron 1906,

- Les Chars de la 1ère Guere Mondiale :
- Char Mark I
- Char Mark V
- Char Renault FT 17
- Char Saint-Chamond 1917
- Char Schneider CA-1
- Char Sturmpanzerwagen A7V

- Les Chars de l’entre deux Guerres :
- Char FCM 2C 1921
- Automitrailleuse Peugeot-Kregresse 1923.

- Les Chars de la Guerre Froide :
- Char M 47 Patton tank
- Char AMX 13
- Char T54/55 tank

- Les Chars modernes :
- Char Leclerc
- Char Leopard 2
- Char M1 Abrams.|

- Le char le plus puissant au monde avec ses cinq tourelles, a été reconstruit dans l’Oural. Vidéo.
- Un char américain qui se trouvait à bord d’un navire coulé par une torpille nazie en mars 1945 sera restauré par des spécialistes du district militaire russe de l’Ouest

Voir la rubrique véhicules militaires.





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