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L’Evolution technologique des armes légères

samedi 30 septembre 2017


L’Arme semble bien être la plus ancienne des inventions de l’Homme et de la civilisation.
Dès les origines préhistoriques, l’homme se saisit d’un bâton et le lança en direction d’une cible. Il lui fallut bien plus de temps pour qu’il apprenne à utiliser le feu ou même invente la roue.
L’invention de l’arme eut un impact immense sur ses conditions de vie. Elle lui permit de satisfaire deux besoins vitaux indispensables après l’eau et la respiration : la nourriture et la protection.


Une arme peut correspondre à plusieurs fonctions. Certaines armes peuvent être utilisées pour plusieurs usages, mais chacune est d’ordinaire plus particulièrement adaptée à un emploi particulier, que se soit l’abattage, la chasse, le sport, l’apparat, la sécurité ou la guerre.

Les armes sont donc nées de la nécessité de se défendre (armes défensives) ou d’attaquer (armes offensives), elles ont donc longtemps été classées d’après la façon dont elles étaient utilisées ou d’après les effets recherchés. C’est ainsi qu’on trouvait les armes de mains (épée, massue, couteau, etc…), les armes d’hast, constituées par un fer emmanché (pique, lance, hallebarde, etc…), les armes de jet ou de trait (javelot, fronde, arc, arbalète, etc…), les armes de coup, faites pour frapper (masse, fléau d’arme, matraque, etc…), les armes d’estoc et de taille, faites pour fendre (sabre, dague, hache, etc…), et les armes ou machines d’assaut (tour mobile, catapulte, trébuchet, baliste, bélier, feu grégeois, etc…).

Toutes ces armes inventées durant l’antiquité et le moyen-âge furent qualifiées d’armes blanches quand, à la suite de la découverte de la poudre, les armes à feu portatives apparurent au XVème siècle.

Le fonctionnement des armes à feu permet de distinguer les armes à percussion, les armes à répétition et les armes automatiques. Si leur service est assuré par un seul homme, elles sont dites armes individuelles et sont généralement constituées des armes de poing et des armes d’épaules ; si au contraire, ce service réclame l’action combinée de plusieurs hommes, elles sont dites armes collectives et sont généralement constituées des armes portées et des armes tractées.

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La mise à feu à silex est une véritable révolution : Un silex vient frotter une plaque mettalique (batterie) et des fines particules de métal enflamment la poudre. Document Wilkipédia.

Étant au service du combattant à pied, les armes légères doivent le gêner le moins possible dans ses évolutions : marche, course, saut, rampé, accès dans les véhicules ; elles répondent donc à des impératifs de poids et d’encombrement très sévères. Les limites les plus couramment admises, dans ce domaine, sont pour les armes d’appoint 1 kg et 30 cm, pour une arme individuelle de base 4 kg et 80 cm, et pour une arme collective de 10 à 12 kg et 1,2 mètres en deux éléments au plus.

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Des reconstitueurs tirent avec leur arquebuse à mèche. 1 coup toutes les trois minutes. Une mèche allumée aux deux bout (un bout pourrait s’éteindre) met le feu au bassinet (petite cuvette) qui transmets le feu à la charge du canon.

Pourtant, les Couleuvrines à mains du XVème siècle, les Arquebuses du XVIème siècle (avec une masse de 5 à 9 kg, une longueur de 1,30 mètre et une portée de 50 mètres), les Mousquets du XVIIème siècle (poids 4,5 kg, longueur 1,20 mètre, portée 200 mètres) ou les fusils à silex du XVIIIème siècle (poids 4 kg, longueur 1,15 mètre portée 250 mètres), ne répondaient pas vraiment à cette exigence.

Toutes ces armes à feu disposaient d’un canon lisse et étaient chargées par la bouche en forçant un projectile de la bouche jusqu’à la culasse. Le plus célèbres des fusils à silex est le fusil Charleville Modèle 1777 français conçue par l’ingénieur Gribeauval et connue pour son emploi massif sur les théâtres militaires européens (Révolution française, guerres napoléoniennes).

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Scorpion VZ 61.
L’arme moderne d’aujourd’hui est issu du principe de fonctionnement ancestral, seule le chargement et la cadence de tir sont la véritable révolution.

Toutefois, ces armes à chargement par la gueule seront remplacées par les fusils à canon rayé et chargement par la culasse. En 1842, les forces armées norvégiennes adoptèrent le Kammerlader, l’un des premiers fusil à chargement par la culasse, tandis que l’armée prussienne adopte le fusil Dreyse en 1848. Les USA utiliseront les fusils Sharps, Greene, Spencer et Henry pendant la guerre de sécession. Le Sharps utilisait une cartouche papier et une capsule, alors que le Henry et le Spencer utilisaient des cartouches métalliques à percussion annulaire. La France adopte le nouveau fusil Chassepot en 1866 et le fusil Gras en 1874, tandis que les Britanniques décident d’adopter le Peabody en 1871.

Ces fusils à percussion seront ensuite progressivement remplacés dans les armées par différents modèles de fusils à répétition entre 1880 et 1914 (fusil Lebel modèle 1886), puis par des fusils ou carabines semi-automatiques peu avant la deuxième guerre mondiale (Garand M1, US M1) et enfin automatiques pendant la guerre (MP 40, MG 42, Sten) et après la deuxième guerre mondiale (AK-47, Mat 49, M16).

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Au XIVème siècle, linvention de la poudre est l’innovation technique qui perdure encore aujourd’hui : dans un espace confiné, on fait bruler la poudre, et la pression expulse le projectile comme un bouchon de champagne.

La poudre :

Si l’invention de la poudre noir remonte XIIème siècle, celle de la poudre moderne sans fumée n’est apparue qu’en 1886 à des fins militaires sur les armes d’épaule et en 1894 pour les armes de poing. A tel point que durant les deux premières années de sa fabrication, le revolver 1892 a été éprouvé uniquement à la poudre noire.

Les rares armes à feu fabriquées avant 1900 encore disponibles, même celles tirant une munition à poudre sans fumée, sont obsolètes. Leurs mécanismes sont dépassés depuis longtemps et très peu sont celles qui sont encore en état de tir.

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1 le projectile est explosé par la pression, 2 l’étui métallique contient tous les éléments, charge, poudre et amorce, 3 la charge de poudre, 4 la gorge qui permet l’extraction de l’étui, 5 l’amorce qui assure la mise à feu.

L’étui métallique :

Il est apparu pour la première fois en 1849 avec Flobert et seuls 70 calibres différents ont été adoptés avant 1870. En soit l’adoption de l’étui métallique n’a pas conféré de puissance de feu supérieure. La poudre et les projectiles restent les mêmes. Seul le rechargement est facilité.

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Combien reste t-il d’arme fabriquées au début du XXème dans cet atelier de la Manufacture de St Etienne. Celles que l’on trouve sont véritablement obsolètes.

Une production de masse :

Nous sommes dans le domaine de l’histoire. Ce n’est pas la « production de masse » qui est importante, mais le nombre d’armes conservées aujourd’hui et encore en état de tir. Par exemple le fusil anglais Lee Metford employé pendant la guerre des Boers a été fabriqué à des centaines de milliers d’exemplaires, alors que seuls quelques musées en possèdent encore aujourd’hui. Il y a de nombreux exemples pour illustrer la raréfaction des armes antérieures à 1900.

Les armes fabriquées entre 1870 et 1900 sont souvent des modèles de transition. Beaucoup ont été rapidement remplacées. Les armes fabriquées à l’époque ont connu les aléas de l’Histoire en subissant deux guerres mondiales avec leur lot de destruction ou de confiscation, les conquêtes coloniales du XIXème siècle, la vente des derniers stocks aux anciennes colonies européennes, parfois même comme armes de traite. Voilà toutes les raisons pour lesquelles ces armes conçues et fabriquées au XIXème siècle ont pratiquement disparu.

En fait, la véritable première production de masse dont il reste encore de nos jours des traces est celle qui a eu lieu pendant la première guerre mondiale.
D’ailleurs, chaque grand conflit militaire du XXème siècle sera à l’origine d’une production de masse significative.





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